Cette recherche comparative internationale a permis d'explorer les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur exacerbées par le développement de l’enseignement à distance. Cette question prend de l’ampleur suite à l’accélération des transformations numériques dues aux conséquences de la pandémie. L’UNESCO (2020), recommande  la consolidation de la formation à distance par un renforcement de la pédagogie numérique comme une solution désormais incontournable Or, 82% des apprenants n’ont pas accès à Internet en Afrique subsaharienne (UNESCO, 2020). Au Canada, la situation est moins criarde, mais non moins préoccupante. Un rapport du Centre pour l'avenir du Canada « Équité numérique: pleins feux sur la fracture au Canada » montre que les transformations numériques aggravent les disparités sociales déjà existantes. Selon ses données, dans le quartile des ménages à faible revenu, seuls 18,7 % ont accès à Internet à la maison, 52% de ceux résidant dans les réserves autochtones et ceux en région rurale doivent débourser 7$ de plus par mois pour un accès à haut débit (p.46). Dans un tel contexte, comment « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité... » (NU, 2015)? La problématique qui émerge de ces constats de fracture ou inégalités numériques constitue une entrave majeure à l’atteinte de l’objectif 4 du Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030 des Nations Unies (NU, 2015). Ce projet se veut une contribution face à ce défi. Cette problématique a été explorée sous l’angle des inégalités d’accès à l’enseignement universitaire à distance à la lumière de l’approche par les capabilités (AC) d’Amartya Sen. Quatre objectifs ont fait l'objet des investigations: 1/ documenter les inégalités d’accès à l’enseignement universitaire à distance au Canada et dans deux pays de l’Afrique subsaharienne (le Burkina Faso et le Sénégal); 2/ identifier les caractéristiques de ces inégalités dans les deux contextes (canadien et africain); 3/ en explorer les sources à la lumière d’un concept clé de l’AC: les facteurs de conversion, c’est-à-dire les possibilités réelles (environnementales, culturelles ou personnelles) pour tout individu d’accéder à ce type d’offre de formation afin d’en faire usage pour augmenter son espace des possibles (opportunités) selon ce qu’il a des raisons de valoriser; 4/ préparer un cadre d’analyse comparative (entre les deux contextes étudiés) des sources d’inégalités explorées. Une approche mixte à devis séquentiel a été mise en œuvre dans une perspective exploratoire des quatre objectifs du projet. En plus de l’apport théorique pour repenser les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur à distance en se focalisant sur les "capabilités", les résultats sont susceptibles d’éclairer les universités pour lesquelles l’équité est désormais un enjeu majeur ainsi que les politiques publiques. Ils pourraient aussi alimenter les réflexions et prises de décision au niveau des organisations internationales telles que l’UNESCO, l’ONU, l’AUF.