Octobre 2020 : 50e anniversaire du décès de Mgr Alphonse-Marie Parent

 

 

Il y a 50 ans disparaissait un homme d'exception :
Mgr Alphonse-Marie Parent. En plus d'avoir consacré presque toute sa carrière à l'Université Laval, où il y a occupé les plus hautes fonctions, Mgr Parent a marqué l'histoire du Québec. Pendant cinq ans, il a dirigé les travaux d’une commission qui allait bouleverser le monde de l’éducation. 

 

Sous sa gouverne, les travaux de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec mèneront à la réalisation d'un document fondateur pour la société québécoise : le rapport Parent. Un rapport comportant des recommandations dont celle de donner l’accès à l'éducation à tous. Un gain pour lequel les Québécois lui seront toujours reconnaissants. 

Un parcours hors du commun

  • Né à Saint-Jean-Chrysostome le 2 avril 1906 
  • Études au Séminaire de Québec, au Collège de Sainte-Anne de la Pocatière et au Grand Séminaire
  • Ordonné prêtre en 1929
  • Doctorat en philosophie à l’Université catholique de Louvain
  • Plusieurs charges importantes auprès du pape Pie XII
  • Enseignant, Secrétaire de la Faculté de philosophie et codirecteur de la maison des étudiants au Séminaire de Québec

 

À l'Université Laval

  • Secrétaire et professeur, Faculté de philosophie (1938-1954) 
  • Fondateur et directeur des cours d’été (1938-1970)
  • Secrétaire général (1944-1951)
  • Directeur de l’école de pédagogie et d’orientation (1947-1951)
  • Vice-recteur (1949-1954 et 1960-1969)
  • Recteur (1954-1960)
  • Doyen de la Faculté de philosophie 1969-1970

Sortir de la noirceur

En 1961, dans un contexte de sous-financement et de sous-scolarisation (un infirme pourcentage de la population fréquentait alors l’université), le vice-recteur Parent se voit confier par Paul Gérin-Lajoie, alors ministre de la Jeunesse et responsable de l’instruction publique dans le gouvernement Lesage, la présidence d’une commission déterminante pour l’avenir du Québec : la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec.

 

 

Présidée par Mgr Alphonse-Marie Parent (au centre), la Commission imaginera le système d’éducation tel qu’on le connaît aujourd’hui. Sur la photo, neuf commissaires et trois membres du personnel de la commission Parent, 1961. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Les travaux de la Commission

Sous la présidence de Mgr Parent, les travaux se sont étalés sur cinq ans, de 1961 à 1966. Réunions hebdomadaires, lecture de 300 mémoires, consultations publiques, visites d’établissements au Canada, aux États-Unis et en Europe, aucun effort n’a été ménagé pour élaborer le précieux et volumineux rapport Parent.

Le rapport Parent en chiffres

  • Trois tomes répartis en cinq volumes
  • 1485 pages
  • 567 recommandations publiées de 1963 à 1966

Une rare vidéo de Mgr Parent

En entrevue à Radio-Canada en 1963, Mgr Parent présentait les éléments clés du rapport. Une occasion d’apprécier son éloquence et son autorité naturelle.

Archives Radio-Canada

 

« L'éducation est un bien fondamental, le plus fondamental qui doit être poursuivi en toute justice et sagesse par les chefs de la société civile. Il faudra que la politique s'en occupe. Il faut que ce soit discuté à l'Assemblée législative, il faut que ce soit discuté devant le peuple aux élections qu'il y ait un programme d'éducation que chaque parti défende devant les électeurs pour qu'ils puissent se prononcer. Ça c'est de la démocratie je crois. » 

 

Mgr Alphonse-Marie Parent, Droit de cité, 1963

 

Entrevue complète

Voyez toute l’entrevue qu’accordait Mgr Parent à l’animateur Raymond Laplante de l’émission Droit de cité, le 8 mai 1963. Un coup d’œil sur le passé nous dévoilant aujourd’hui un aperçu de la mesure des changements proposés par le rapport. 

 

Un symbole de la Révolution tranquille

Le rapport Parent mènera entre autres à la création du ministère de l’Éducation du Québec, à la scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, à la mise sur pied des cégeps, à la démocratisation de l’enseignement universitaire et à une meilleure formation des enseignants.

 

 

« Il fallait avoir l’imagination et l’audace d’inventer des structures, une pédagogie, un cadre et un milieu de vie, une culture, des institutions, bref, un nouveau système d’enseignement qui réponde à une nouvelle civilisation. »

 

Guy Rocher, sociologue et membre de la Commission

 

 

 

 

Crédit photo : Patrice Charest

50 ans plus tard...

Depuis les travaux de la Commission, aucune autre réforme n’a eu l’ampleur et la vision du rapport Parent. Si certains le critiquent, d’autres n’hésitent pas à reprendre les mots de Mgr Parent pour imaginer la suite : « Le développement économique et social repose sur trois piliers : l’éducation, l’éducation et l’éducation. » Une affirmation qui trouve encore beaucoup d’écho aujourd’hui.