Rendez-Vous du CRIEVAT (conférence de Gaële Goastellec)
Date : 30 octobre 2012 de 12:00 à 13:30
Lieu : 1228, Pavillon J.-A.-DeSève

Rendez-vous du CRIEVAT

Date : 30 octobre 2012 de 12:00 à 13:30
Lieu : Local 1228, Pavillon J.-A. DeSève

 

 

Titre

Religion et enseignement supérieur en Europe : un objet pour la sociologie

 

Conférencière

Gaële Goastellec, Ph.D. en sociologie. Maître d’enseignement et de recherche à l’Observatoire Science, Politique, Société de la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne. 

 

Résumé

 

À partir d’une recherche en cours, cette conférence propose de discuter la relation entre religion et enseignement supérieur dans le contexte européen. Le constat de départ est le suivant : alors que la religion a longtemps été une dimension structurante des enseignements supérieurs en Europe (De Ridder Symoens, 1992 ; Rüegg, 1996 ; 2004), la sociologie a très largement laissé de côté l’analyse de cette dimension, qu’il s’agisse de travailler la question du lien entre enseignement supérieur et société ou d’identifier les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur entre les individus. Nous avons donc cherché à ouvrir cette boîte noire à partir de l'Enquête Sociale Européenne (ESS) : un échantillon de 181’492 individus nés entre 1930 et 1979 et originaires de 30 pays européens permet de comparer les diplômés du tertiaire au reste de la population en contrôlant leurs multiples appartenances (sociale, ethnique, culturelle, religieuse, de genre…).

 

Les résultats statistiques mettent en évidence deux niveaux d’interaction : d’une part, entre degré de sécularisation, tradition religieuse dominante et développement de l’enseignement supérieur ; d’autre part, entre les appartenances religieuses des individus et la probabilité, toutes choses égales par ailleurs, d’être diplômé du tertiaire. Comment analyser ces résultats ? Y-a-t-il un lien entre éthique religieuse et éducation, comme le suggèrent certains économistes de l’éducation (Becker, Woessmann, 2009) interrogeant les conclusions de Max Weber 1964) ?

 

A partir de la construction d’une perspective historique, de l’identification des régularités, des points communs entre les pays et de l’analyse des exceptions, il s’agira aussi de questionner les événements historiques permettant la transformation des structures (Sewell, 1996) des enseignements supérieurs et de tenter d’identifier les institutions à travers lesquelles s’opère la médiation entre religion et enseignement supérieur.

 

Références

 

Becker S. O., Woessmann L., 2009, “Was Weber wrong? A human capital theory of protestant economic history”, the Quarterly journal of economics, pp. 531-597.

De Ridder-Symoens H., (ed.), 1992, A History of the University in Europe, Vol.1, Cambridge, Cambridge, Cambridge University Press.

Rüegg W. (ed.), 1996, A History of the University in Europe, Vol.2, Universities in early modern Europe (15OO-1800), Cambridge, Cambridge University Press, pp. 285-325.

Rüegg W., 2004, A history of the university in Europe, Vol.3, Universities in the nineteenth and early twentieth centuries (1800-1945), Cambridge, Cambridge University Press.

Sewell W., 1996, “Three temporalities: toward an eventful sociology”, in Terence J. McDonald (ed.), The historic turn in human sciences, The University of Michigan Press, Ann Arbor, pp. 245-280.

Weber M., 1964, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Plon.