Rendez-vous du CRIEVAT
Date : 25 février 2009 de 16:00 à 17:30
Lieu : 3E, Pavillon Charles-De Koninck

 

 

Titre 
Violence de la gestion et souffrance au travail

 

Conférencier 
Vincent de GAULEJAC, professeur à l’Université Paris-Diderot, Directeur du Laboratoire de Changement Social et Membre fondateur de l’Institut International de Sociologie Clinique

  

Résumé

Les évolutions technologiques et managériales pourraient libérer l’homme du travail. Elles semblent au contraire le mettre sous pression. Si elles allègent la pénibilité physique, elles accroissent la pression psychique. Un ouvrier gagnait moins de soixante dollars par mois au milieu du 19e siècle. Il en gagne aujourd’hui vingt à trente fois plus en travaillant deux fois moins. Ces gains de temps et d’argent ont été rendus possibles par un formidable accroissement de la productivité du travail. Tout se passe comme si ce que l’homme gagne en temps, il le paye en intensité, ce qu’il gagne en autonomie, il le paye en implication.

 

D'où une pression, par le temps, par les résultats, mais aussi par la peur. Elle engendre un stress structurel, une culture du harcèlement contre lequel il est difficile de se défendre car les souffrances engendrées, comme la dépression, l’épuisement professionnel et l’addiction au travail, sont renvoyées à l'individu plutôt qu'à l'organisation.

 

La violence des modes de management et des outils de gestion qui sont à la source de ces différents symptômes est banalisée. Les agents sont confrontés à un paradoxe permanent entre l'obligation de les mettre en œuvre et le constat d'impuissance face aux conséquences néfastes qu'ils entraînent.

 

Si la gestion "rend malade", comment éviter le piège d'en "gérer" les conséquences sans en éradiquer les causes ?