QUATORZIÈME CONSTATATION :

Le diagnostic de difficultés particulières

En permettant de retracer rapidement les divers cheminements d'apprentissage empruntés par un élève, les nouvelles technologies facilitent la détection par l'enseignant ou l'enseignante des points forts de cet élève, de même que des difficultés précises qu'il rencontre ou de ses apprentissages préalables erronés ou mal assimilés.


Points de repère

a) Dans les écoles où tous les enseignants de l'école ou d'une classe disposent d'un ordinateur et ont accès aux dossiers de leurs élèves et à un logiciel de gestion approprié, chaque enseignant peut savoir rapidement si un élève qui a des difficultés d'apprentissage avec lui en a aussi avec ses collègues et prendre action en conséquence. Dans de tels cas, la technologie joue le rôle d'un <<système avertisseur>> et permet plusieurs types d'intervention avant que la situation ne devienne trop grave (voir U. S. Congress, Office of Technology Assessment, 1995, p. 73).

b) Dans l'évaluation d'un système d'apprentissage intégré dirigé par Underwood, Cavendish et Lawson (1996) (voir Troisième constatation, d), c'est peut-être la fonction diagnostique du système qui a produit sur le personnel enseignant les effets les plus visibles, sinon les plus marquants. Ainsi, l'un des membres de ce personnel, très sceptique au début de l'expérience, a avoué par la suite que <<c'était devenu une seconde nature pour lui que d'utiliser les rapports diagnostiques du système>> pour orienter son enseignement (p. 957). En agissant ainsi, il a noté, par exemple, que les rapports produits par le système d'enseignement intégré identifiaient les mots et les groupes de mots avec lesquels un élève avait de la difficulté.

Une telle information lui a permis de penser à un enseignement relié à ce problème. Cet enseignant fait aussi remarquer que le degré de précision des diagnostics du système dépasse de beaucoup ce dont il serait lui-même capable. <<Ainsi, raconte-t-il, Lydia avait des difficultés de vocabulaire, mais j'avais mal identifié cette difficulté; le système m'a montré ce qui en était et, alors, j'ai pu concentrer mes efforts sur le problème de l'élève>> (ibid.). Les chercheurs qui rendent compte de leur travail font remarquer que le soutien diagnostique fourni par la technologie utilisée a permis à cet enseignant, considéré comme faible par ses collègues, d'agir avec compétence. En outre, de l'avis de l'administration de son école, la réflexion que l'utilisation de ce système l'a amené à faire a eu d'heureux résultats sur d'autres aspects de son enseignement.

De nombreux enseignants d'expérience notent aussi le profit que l'on peut tirer des diagnostics détaillés produits par le système. <<Souvent, disent-ils, ces diagnostics confirment nos intuitions, mais il arrive qu'ils font ressortir un problème ou un progrès que nous n'avions pas remarqués>> (ibid.). En fait, le système détecte l'éclosion d'une réussite bien avant qu'elle ne devienne visible dans la classe. En conséquence, certains élèves qui n'aiment pas montrer leur capacité de réussir ne peuvent plus cacher leurs talents!

Les capacités de dépistage du système sont aussi évidentes lorsqu'il s'agit de se pencher sur la situation de certains élèves dont la réussite en classe est <<moyenne>>, alors qu'ils pourraient faire beaucoup mieux (Scardamalia, Bereiter, & Lamon, 1994). Le système d'apprentissage intégré <<peut modifier ce comportement d'autosatisfaction en incitant à un changement de perception sur les capacités de l'enfant de la part de l'enseignant et de l'enfant lui-même ... Dans plusieurs cas, l'enfant ne souhaite pas se distinguer de ses pairs, mais, dans d'autres, il est devenu tout à fait à l'aise en effectuant sans stress un travail médiocre accompli avec un effort minimal>> (Underwood, Cavendish et Lawson (1996, p. 957).


Productions Tact

16 janvier 1997