TROISIÈME CONSTATATION :

De l'intérêt pour une activité d'apprentissage

La plupart des élèves manifestent un intérêt spontané plus grand pour une activité d'apprentissage qui fait appel à une technologie nouvelle qu'aux approches coutumières en classe.


Points de repère

a) Le Center for Research, Evaluation and Training (CREATE), situé à Burlingame, en Californie, a entrepris, en collaboration avec la compagnie Apple, une étude de trois ans sur le rôle de la technologie éducative dans la réforme de l'éducation destinée aux élèves de la maternelle et des deux premières années du primaire. Au cours de la première année de cette étude, il a plus particulièrement suivi quatre écoles, situées dans autant d'États, qui utilisent, en combinaison avec d'autres ressources didactiques, le didacticiel Early Language Connections (ELC) de la compagnie Apple pour l'enseignement de divers aspects de la langue, notamment la lecture et l'écriture. Au cours de l'année, les chercheurs ont rencontré les élèves et le personnel enseignant de 50 classes.

L'une des principales conclusions de cette étude concernant les élèves est qu'ils <<sont attirés par la technologie et que leur motivation pour utiliser un ordinateur émane de l'intérieur d'eux-mêmes. Que ce soit pour terminer un travail obligatoire ou entreprendre une activité de leur choix, les élèves ont toujours hâte qu'arrive leur tour d'utiliser un ordinateur. Lorsqu'on leur propose de choisir parmi plusieurs activités en classe, le travail avec un ordinateur est toujours l'option la plus populaire. Aussi, le personnel enseignant a affirmé aux chercheurs que les élèves étaient plus productifs et que leurs compositions étaient meilleures et plus longues qu'auparavant>> (Guthrie and Richardson, 1995, p. 16. Voir aussi, sur ce dernier point, Dwyer, 1994, p. 6 et les références de la note 4 de son texte).

b) Le rapport substantiel publié en 1995 par l'Office of Technology Assessment confirme l'effet de motivation que l'utilisation de la technologie produit auprès des élèves de tout âge (voir U. S. Congress, Office of Technology Assessment, 1995, p. 65-66). Parmi les raisons qui contribuent à la motivation des élèves, il y a le fait que la technologie <<propose un environnement et présente des contenus d'une manière qui est plus stimulante et sollicite plus directement leur participation que ne le font les manuels et le matériel d'enseignement plus traditionnel>>(id., p. 65), qu'elle possède <<un pouvoir interactif>> (ibid.) et qu'elle permet aux élèves de s'engager <<dans des activités qui les invitent à créer et à partager avec d'autres>> (id., p. 66).

c) Altun (1996) a réalisé une étude auprès d'élèves de 14 à 17 ans inscrits dans les deux dernières années du premier cycle du secondaire d'un collège de l'Angleterre. Cette étude démontre également, quoique par une voie très différente, l'intérêt que suscite la technologie auprès de jeunes élèves. Dans ce cas, on a mesuré l'anxiété ressentie par 82 élèves qui ont effectué certains apprentissages en sciences à l'aide d'un vidéo interactif. Dans les circonstances, on doit comprendre ainsi l'interactivité du matériel mis à la disposition des élèves : à l'aide d'un crayon optique, ceux-ci pouvaient faire apparaître un certain nombre d'images, de sons, de figures et de textes, mais ils ne pouvaient pas utiliser les fonctions <<avancer>>, <<reculer>>, <<arrêt sur l'image>> et <<image au ralenti>> de l'appareil.

Le taux d'anxiété s'est avéré faible. Il en a été de même aussi bien pour les garçons et les filles que pour les élèves classés comme forts, moyens ou faibles par leur enseignant (même si le groupe des élèves forts a manifesté un degré d'anxiété légèrement plus élevé que les deux autres). On attribue ces résultats à la convivialité et à l'interactivité, réelle malgré ses limites, de la technologie utilisée. Pour de jeunes apprenants, Altun (1996) souligne par exemple, le fait d'utiliser un crayon optique pour faire apparaître divers types d'images peut avoir été perçu comme <<agréable et motivant>>. <<De plus, poursuit-il, la crainte de commettre des erreurs pourrait avoir été considérablement réduite par la possibilité qu'avaient les élèves de revoir autant de fois qu'ils le désiraient n'importe quelle partie du contenu>> (p. 310).

d) Underwood, Cavendish et Lawson (1996) ont procédé à l'évaluation en bonne et due forme d'un système intégré d'apprentissage (Integrated Learning System) implanté depuis deux ans dans un groupe d'écoles primaires et secondaires (leur nombre n'est pas précisé). Ce système, d'origine américaine, est connu sous le nom de CCC's Success Maker. Selon les auteurs, un système intégré d'apprentissage comprend trois composantes essentielles : des contenus d'apprentissage, un système d'enregistrement et un système de gestion. En plus de proposer à l'élève un ensemble considérable d'activités d'apprentissage, un tel système enregistre et interprète ses réponses, lui fournit une rétroaction et conserve en permanence son dossier à jour. Celui-ci, accessible à l'enseignant, permet alors des interventions dans la ligne d'un enseignement individualisé.

Les résultats de cette évaluation démontrent que, après deux ans, les élèves demeurent intéressés à travailler avec le système CCC's Success Maker. Une enseignante résume ainsi la situation sur ce point : <<Les élèves aiment être en compétition avec eux-mêmes. Ils sont heureux d'aborder de nouveaux sujets dans un environnement qui ne les menace pas et ne les juge pas. Même si le système corrige les erreurs et impose des punitions, cela n'est pas personnellement offensant comme ce l'est souvent dans une classe>> (p. 958).


Productions Tact

16 janvier 1997